Le procès du chef d’un réseau spécialisé dans le marketing pyramidal a été marqué par de nombreuses révélations, surprenantes.
Plus de 160 victimes étaient présentes, et avaient remis à cet escroc des sommes s’élevant à plusieurs millions de dirhams, dans l’espoir de recevoir des profits qui s’étaient avérés être une escroquerie.
Parmi ces victimes, on compte une directrice d’agence bancaire, des avocats, des enseignants et des ingénieurs.
Les plaintes continuent d’affluer, alors que cet individu est parvenu à récolter plusieurs dizaines de millions de dirhams, en faisant croire à des centaines de personnes qu’elles allaient obtenir des gains extraordinaires via des investissements dans une société fictive qu’il avait fondée à cet effet, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 23 juin.
La brigade nationale de la police judiciaire avait arrêté le mis en cause après avoir prouvé ses escroqueries, portant sur des millions de dirhams, à des Marocains auxquels il promettait de vendre des appartements, prétextant un projet immobilier en fait inexistant.
Selon Al Akhbar, au cours de leur perquisition, les autorités ont également saisi plusieurs tonnes de produits alimentaires, de produits d’hygiène et de cosmétiques portant sur des marques contrefaites, ainsi que des produits périmés ou ne disposant pas d’autorisations de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).
Selon des sources sécuritaires citées par Al Akhbar, le suspect faisait usage d’une fausse identité. De son vrai nom Ness, atteste le quotidien, l’individu est âgé d’environ 50 ans et originaire de Meknès.
L’escroc présumé, qui se présentait sous le prénom de «Fahd», promettait à ses victimes des lots de terrain dans un lotissement fictif, en échange de sommes d’argent variables.
Il faisait également miroiter des partenariats dans une entreprise fictive spécialisée dans le marketing pyramidal et la vente de produits cosmétiques, afin de mieux les dépouiller.
Une vérification dans la base de données de la Sûreté nationale a révélé que le suspect faisait l’objet de plusieurs mandats de recherche à l’échelle nationale, émis par les services de la Police judiciaire et de la Gendarmerie royale dans plusieurs villes, dont Kénitra, Témara, Khémisset et Meknès.
Le suspect est soupçonné d’être impliqué dans des affaires similaires de fraude, d’émission de chèques sans provision, de vol de voitures et d’appropriation illégale de biens.
Une enquête a été ouverte pour identifier les éventuelles ramifications de cette activité criminelle, afin d’élucider l’ensemble des faits reprochés au mis en cause.
Al Akhbar a obtenu des informations et documents exclusifs sur le réseau dirigé par «Fahd» qui avait loué, écrit le quotidien, «une villa près de la mosquée de Palestine, dans le quartier huppé de Bir Rami Est, au nom d’une entreprise spécialisée dans la vente pyramidale».
L’individu y a attiré des centaines de victimes en leur proposant d’acheter des appartements disposant d’une vue sur la plage des Nations, dans la région de Bouknadel, entre Salé et Kénitra.
Chaque appartement, prétendument d’une superficie 70 m², était proposé à l’chat au prix de 60.000 dirhams, avec la promesse d’une livraison dans un délai de deux ans, et des gains allant jusqu’à 210.000 dirhams en cinq ans.
Cette promesse d’obtenir à la fois un appartement en bord d’océan et une plus-value de 210 000 dirhams pour cet investissement au montant très modique, «a séduit environ 600 personnes. Le montant total collecté par cette escroquerie serait d’environ 40 millions de dirhams», écrit le quotidien.
Le prévenu a également collecté «des fonds par le biais d’entreprises menant des activités illégales sous couvert de marketing de produits cosmétiques et de compléments alimentaires», qui «promettaient des rendements très élevés à ceux qui adhéraient au système de vente pyramidal qu’elles proposaient».
Les comptes bancaires de ces entreprises font état de «dépôts en espèces d’origine inconnue», ce qui devrait aboutir à une enquête de Bank Al-Maghrib et de l’Unité nationale de traitement du renseignement financier (UTRF), explique le quotidien, en raison de «soupçons de transferts financiers illicites».
Les mouvements bancaires de ces sociétés font en effet état d’une «activité financière intense sans lien avec les activités officiellement déclarées» et, ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que ces sociétés opèrent dans plusieurs villes du Royaume.
Leur fonctionnement repose sur «un système de financement participatif et de vente d’actions aux rendements garantis, atteignant parfois 200%, alors qu’il n’y a aucune vente réelle à l’origine de ces gains».
Les complices de cette combine fomentée à l’échelle du Royaume promettent également «des primes et des cadeaux à ceux qui recrutent de nouveaux adhérents, ce qui s’apparente clairement à un système pyramidal», écrit Al Akhbar, qui souligne que «les comptes bancaires de ces entreprises sont exclusivement alimentés par des dépôts en espèces, effectués par des personnes physiques, ce qui confirme leur caractère illégal et leur déconnexion du moindre projet économique réel».