Le retard de la corniche de Aïn Sebaâ agace habitants et élus: une polémique au parfum de scandale

Une vue de la nouvelle corniche de Aïn Sebaâ.

Le 18/06/2025 à 12h22

VidéoLe retard pris dans la livraison de la corniche de Aïn Sebaâ suscite inquiétude et interrogations chez les habitants et élus locaux. La qualité plutôt «décevante» des travaux n’arrange en rien les choses, alimentant des soupçons d’irrégularités dans la gestion de ce projet pour lequel la commune de Casablanca a mobilisé un budget de 70 millions de dirhams.

Pour bon nombre d’observateurs, ça a tout l’air d’un scandale. Censé être livré en juillet 2024, la nouvelle promenade maritime de Aïn Sebaâ a du mal à prendre forme.

Ce projet dans lequel la SDL Casa Aménagement opère en tant que maître d’ouvrage délégué, pour le compte de la commune de Casablanca, a mobilisé un investissement de 70 millions de dirhams.

Fin décembre 2023, les travaux ont été confiés à l’entreprise Benlhou Frères suite à un appel d’offres.

Des rumeurs ont circulé récemment selon lesquelles la commune de Casablanca aurait rejeté la réception des travaux, après que des élus aient exprimé leur déception face à leur qualité jugée «médiocre». Contacté par Le360, My Ahmed Afilal, vice-président et membre du bureau de la commune, dément ces allégations mais admet un retard dans l’exécution des travaux, aujourd’hui achevée à 95%. Que reste-t-il encore pour livrer le chantier? «Des filets pour les terrains de beach-volley et de beach soccer, le parc de jeux pour enfants qui sera équipé une fois réceptionné. Dans la foulée, un appel d’offres sera lancé pour l’exploitation des kiosques déjà prêts», répond l’élu istiqlalien.

Et d’ajouter: «En plus des lampadaires, des projecteurs géants ont été installés pour éclairer les plages».

Même si la corniche a pris injustement le nom de Aïn Sebaâ, le projet s’étend sur un linéaire de 3,4 kilomètres, dont les deux tiers relèvent du territoire de la commune de Sidi Bernoussi, donnant sur la plage Nahla (abeille en français). La commune de Aïn Sebaâ occupe quant à elle seulement un tiers de l’espace réservé à la corniche, celui couvrant notamment la plage Saâda (bonheur en français).

Depuis quelques jours, des voix s’élèvent parmi les élus et au sein de la société civile, réclamant une commission d’enquête sur les irrégularités constatées dans la réalisation de ce projet.

«À maintes reprises, nous avons attiré l’attention de Madame la maire sur les dysfonctionnements entachant la gestion des travaux, que ce soit en termes de délais ou de qualité des prestations. Une délégation de la mairie a visité récemment le chantier et a dû constater le décalage entre la réalité et le cahier des charges», souligne Abdelilah Jouha, vice-président de la commune de Sidi Bernoussi.

Ce dernier n’est pas le seul à dénoncer avoir relevé ce type de dérapages, en comparant les réalisations effectives sur le terrain aux maquettes du projet dessinées par l’architecte Tarik Oualalou. «Ce n’est pas le résultat que nous attendions. Nous sommes vraiment déçus. Plusieurs équipements ont disparu, notamment la piste cyclable, les espaces verts, etc», dénonce un habitant de la cité blanche, rencontré sur le chantier, appelant à son tour à la reddition des comptes pour restaurer la confiance des habitants des quartiers avoisinants.

La nouvelle corniche est censée être un lieu de promenade et de respiration pour des dizaines de milliers de Casablancais issus des quartiers de Aïn Sebaâ, Sidi Bernoussi, Hay Mohammadi et Sidi Moumen. Au vu de la qualité des travaux réalisés à ce jour, d’aucuns n’hésitent pas à soulever une question d’équité territoriale en comparant la corniche de Aïn Sebaâ à celles de Aïn Diab, Rabat, Tanger ou Mdiq.

Par Fatima El Karzabi et Saïd Bouchrit
Le 18/06/2025 à 12h22