Ifrane: la renaissance des sources d’eau redonne espoir aux habitants

Dans la province d'Ifrane, les sources ont vu leur débit d'eau augmenter de manière spectaculaire. (Y.Jaoual/Le360)

Le 10/05/2025 à 18h05

VidéoAprès plusieurs années de sécheresse, les sources d’eau de la province d’Ifrane enregistrent une reprise spectaculaire. Grâce aux récentes précipitations et chutes de neige, des zones autrefois asséchées retrouvent leur vitalité, offrant un nouvel espoir aux habitants et aux défenseurs de l’environnement. Mais cette embellie reste fragile, soulignant l’urgence d’une gestion durable des ressources hydriques.

Après plusieurs années de sécheresse, qui a durement affecté les ressources hydriques et naturelles dans la province d’Ifrane, plusieurs sources d’eau enregistrent une reprise progressive de leur débit. Un signal encourageant qui reflète l’impact positif des récentes précipitations pluvieuses et chutes de neige sur la région du Moyen Atlas.

Survenues notamment dans la province d’Ifrane, ces dernières ont ainsi redonné un souffle de vie à l’une des principales destinations de l’écotourisme au Maroc. Elles ont ravivé les paysages emblématiques de la région, entre forêts de cèdres, cascades et vallées verdoyantes, attirant de nouveau les amoureux de la nature et les adeptes du tourisme écologique.

Selon l’Agence du bassin hydraulique de Sebou, certaines sources ont connu une remontée spectaculaire de leur débit. C’est le cas notamment de la source de Aïn Amghas, dont le débit est passé de 110 litres/seconde en décembre 2024 à près de 1.964 litres/seconde en mars 2025, soit une hausse de plus de 1.600%. Idem pour la source de Aïn Zerouka, dont le débit a augmenté de plus de 980% sur la même période. Même des sources considérées depuis longtemps comme taries, comme celle de Aïn Rebaa Sefla, ont retrouvé des niveaux d’écoulement significatifs.

Cette amélioration a permis d’alimenter plusieurs cours d’eau de la région, notamment les oueds Zerouka, Tamadghine et Ahallal. Elle a également contribué à la régénération de certains écosystèmes auparavant asséchés, avec des effets bénéfiques sur la couverture végétale et la biodiversité locale.

Le360 a pu constater, depuis les hauteurs des sources de Aïn Vittel, le retour de l’eau dans des zones autrefois au bord de la désertification. Les premiers signes ont été observés dès le site du «Camp du Prince», situé en contrebas de Aïn Vittel, où l’oued Zerouka a connu un regain notable de son débit, permettant une meilleure alimentation de l’oued Tizguite. Toutefois, cette reprise reste conditionnée dans la durée par les précipitations futures, en particulier les chutes de neige, principale source d’alimentation des nappes phréatiques en période estivale.

Malgré ces signaux positifs, plusieurs cours d’eau situés dans le parc national d’Ifrane n’ont pas encore retrouvé leur vitalité. Des zones emblématiques comme Dayet Aoua, l’un des sites naturels et touristiques majeurs de la province, restent dans un état de sécheresse critique. Les experts attribuent cette situation à la forte baisse du niveau des nappes souterraines alimentant ce lac, que les précipitations n’ont pas suffi à recharger pleinement.

Pour une stratégie durable de gestion de l’eau

Dans ce contexte, de nombreux spécialistes appellent à une stratégie de gestion de l’eau plus durable, axée sur un contrôle rigoureux de l’exploitation des nappes, le soutien aux projets de stockage et de recharge artificielle des réserves souterraines, ainsi que sur la préservation du couvert forestier, acteur clé de la régulation du cycle naturel de l’eau.

La reprise de certaines sources d’Ifrane constitue ainsi une lueur d’espoir pour les habitants et les acteurs environnementaux. Mais elle rappelle aussi l’urgence d’agir pour garantir la sécurité hydrique face aux changements climatiques accélérés et à la pression croissante sur les ressources naturelles.

Par Youssra Jaoual
Le 10/05/2025 à 18h05