Diverses sources s’accordent à reconnaître l’échec de cette opération, à coup de milliards de dirhams, qui était censée stabiliser les prix des viandes rouges au profit des consommateurs.
Au Parlement, le débat sur ce scandale fait rage et porte sur la nature de la commission parlementaire à laquelle reviendrait la mission «d’éclairer l’opinion sur les tenants et aboutissants de cette affaire». Les quatre groupes de l’opposition (MP, USFP, PPS, PJD) tiennent mordicus à la création de la Commission parlementaire d’enquête, aux attributions «très élargies. Néanmoins ces partis butent sur le seuil requis de 132 signatures», a expliqué Jaouad Ennouhi, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Rabat-Agdal.
Contactée par Le360, l’opposition assure n’avoir recueilli jusqu’à présent que 100 signatures, y compris celles de quelques députés non affiliés.
Pour contrecarrer cette initiative, la majorité, avec ces grands alliés du RN, du PAM et de l’Istiqlal, vient de proposer «une mission d’information parlementaire» aux objectifs similaires mais «aux pouvoirs réduits et non coercitifs».
Jaouad Ennouhi explique que «la commission d’enquête est reconnue constitutionnellement. Elle est plus puissante et ses travaux sont confidentiels. Elle est également habilitée à saisir le Parquet contrairement à la mission d’information dont les attributions sont limitées. Cette commission appelée ‘mission exploratoire’ n’est pas prévue par la Constitution mais mentionnée dans les règlements intérieurs des deux Chambres», détaille l’universitaire.
Mais pourquoi la majorité a-t-elle brandi «le joker» de la commission parlementaire exploratoire, plusieurs jours après le dépôt de la demande, par le Mouvement populaire, de la mise en place d’une commission d’enquêté. «Cela rentre dans le cadre du simple jeu politique entre les deux parties», a affirmé le chercheur universitaire.
Plus tranchant, Ahmed Abadi, député du Parti du progrès et du socialisme (PPS) estime qu’il s’agit d’une «manœuvre grotesque contre l’éclatement de la vérité et la reddition des comptes».
L’opposition accuse les partis politiques de la majorité d’avoir sciemment entravé la création de la commission d’enquête. «De quoi la majorité a-t-elle peur si tout est dans l’ordre et fait dans la transparence?», s’est interrogé Ahmed Abadi en invitant la majorité à «aller jusqu’au bout et laisser l’opposition exposer la vérité!»
Pour lui, «cela signifie qu’il y a des choses à cacher». Quant à la prochaine étape de ce processus, Ahmed Abadi affirme que les députés de l’opposition sont toujours à la recherche du quorum nécessaire mais malheureusement, a-t-il dit, «ces derniers n’ont pas atteint leur objectif».