Scandale des subventions à l’importation des viandes rouges: pour le MP, «c’est soit une commission d’enquête, soit une motion de censure contre le gouvernement»

Driss Sentissi, chef du groupe parlementaire du Mouvement populaire. (Y.Mannan/Le360)

Le 03/05/2025 à 17h00

VidéoPar la voix de son groupe parlementaire, le Mouvement populaire a renouvelé son attachement à la création d’une commission d’enquête sur le scandale des subventions à l’importation des viandes rouges. S’interrogeant sur les raisons de son blocage par la majorité, l’opposition agite la menace d’une motion de censure contre le gouvernement.

Driss Sentissi, chef du groupe du Mouvement populaire (MP, opposition), a invité, dans un échange avec Le360, les députés de la majorité à se joindre à la demande de création d’une commission d’enquête parlementaire, pour «qu’éclate la vérité et que les responsabilités soient identifiées» dans l’affaire des subventions à l’importation de viandes rouges.

Reconnaissant que l’opposition n’a pas réussi à recueillir les 132 signatures requises pour mettre sur pied cette commission, l’élu haraki s’est demandé pourquoi la majorité ne s’associe pas à cette initiative «si elle n’a rien à se reprocher» dans cette opération aux allures de scandale.

«Quelque chose se cache derrière ce scandale»

Pour rappel, celle-ci se serait traduite par un manque à gagner de près de 13 milliards de dirhams pour le budget de l’État, entre subventions et exemptions de droits de douane et de taxes. Cette initiative du gouvernement était destinée à stabiliser les prix des viandes rouges, sans toutefois atteindre cet objectif.

«Quelque chose se cache derrière ce scandale. La majorité vient de nous surprendre en recourant à une autre manœuvre: elle prétend que l’opposition a accepté la création d’une mission d’information parlementaire», s’indigne Driss Sentissi.

«Nous n’avons rien accepté. Le MP et les autres partis de l’opposition s’attachent à la création d’une commission d’enquête parlementaire. Nous sommes toujours engagés dans cette voie, et nous espérons que d’autres députés nous rejoignent. Cela leur permettrait de faire preuve de transparence, de démontrer leur bonne foi et de prouver qu’ils n’ont rien à cacher», a martelé le chef du groupe MP.

La menace d’une motion de censure

«Si l’option de la commission d’enquête n’aboutit pas, nous n’aurons d’autre choix que de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Aziz Akhannouch», a-t-il menacé. Une motion de censure, dont le dépôt n’exige selon la Constitution que 79 signatures de députés, n’a toutefois aucune chance d’aboutir à la chute du gouvernement.

Pour Driss Sentissi, le dépôt d’une mention de censure «permettra aussi d’ouvrir le débat sur de nombreuses autres questions». «Nous ne parlerons pas seulement de l’importation des ovins et des bovins, mais aussi du soutien accordé au secteur du tourisme: qui en sont les bénéficiaires et quel montant a été alloué à chacun d’entre eux? Nous examinerons également le dossier des importations de céréales, ainsi que celui des carburants, dont les prix restent élevés malgré la baisse des cours mondiaux», énumère-t-il. «Nous poserons aussi des questions sur les aides accordées au secteur du transport, car nous ne savons toujours pas qui en sont les véritables bénéficiaires», a-t-il poursuivi.

Conscient de l’incapacité de l’opposition à faire tomber le gouvernement par le truchement d’une motion de censure, le député de Salé a précisé que ce n’était pas le véritable objectif de son dépôt. «Ce qui nous importe, c’est le débat de fond, la quête de la vérité. Nous voulons attirer l’attention du Chef du gouvernement sur le fait que certaines affaires ne sont pas traitées comme elles devraient l’être, et que l’intérêt général ne semble pas faire partie de ses priorités», conclut-il.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 03/05/2025 à 17h00