Le masque est tombé. Le front Polisario, longtemps présenté comme un «mouvement révolutionnaire» en quête d’autodétermination, apparaît désormais pour ce qu’il est: une milice terroriste inventée, hébergée, armée et financée par l’Algérie, désormais instrumentalisée et déployée au service de la stratégie iranienne de chaos, avec la complicité active du voisin. L’accusation est frontale, documentée. Elle vient de Fahad Al Masri, une voix qui ne parle ni depuis Rabat ni depuis Washington, mais depuis les entrailles de la tragédie syrienne et son exil forcé.
Ancien porte-parole de l’Armée syrienne libre, fondateur du National Salvation Front in Syria, aujourd’hui le Parti libéral syrien, Al Masri n’est pas un inconnu des sphères diplomatiques. Opposant résolu au régime de Bachar Al-Assad, fin connaisseur des circuits occultes du Hezbollah, des Pasdarans et de l’appareil sécuritaire iranien, il a vu de ses yeux les dégâts du projet chiite. Et ce qu’il affirme est sans appel: «le Polisario a du sang syrien sur les mains. Il a combattu sur notre sol, formé par l’Iran, soutenu par l’Algérie, et utilisé comme arme de guerre».
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Ce qui a été expérimenté hier en Syrie menace aujourd’hui l’Afrique du Nord. La milice du Polisario fait partie intégrante de cette menace. C’est à ce titre que le Parti libéral syrien vient de publier une lettre ouverte au nouveau pouvoir syrien l’exhortant d’établir une liste des groupes terroristes opérant en Syrie, incluant la milice séparatiste, et d’officialiser la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Milice importée, guerre exportée
Dans cette interview accordée à Le360, Fahad Al Masri ne tourne pas autour du pot. «Le Polisario a combattu aux côtés du régime syrien et des milices iraniennes contre le peuple syrien. Il a participé directement aux opérations militaires, avec la bénédiction de l’Algérie», affirme-t-il. Ce ne sont pas des suppositions mais des faits qui ont pu être vérifiés et révélés au grand public notamment dans une enquête du très influent The Washington Post. Les camps d’entraînement ont existé. Ils étaient localisés dans le sud syrien, à proximité de Deraa et dans la région de Soueida, dans des installations militaires contrôlées par le régime syrien mais infiltrées depuis longtemps par les Gardiens de la révolution iraniens, confirme Al Masri.
«Le Polisario a été entraîné dans des bases syriennes, dans des sites tenus par le régime, mais en réalité administrés par le Hezbollah et les Pasdarans. Il y avait aussi des connexions fortes avec des centres de formation en Iran et au Liban, notamment via Beyrouth», précise l’homme politique. Des centaines de combattants du Polisario ont transité par ces réseaux, dans une stratégie claire de leur mise au service comme bras armé du croissant chiite. Une stratégie qui n’aurait pu voir le jour sans la complicité active de l’État algérien, que Fahad Al Masri accuse d’avoir «facilité les déplacements, les financements et l’encadrement de ces combattants».
L’Algérie dans l’axe du mal
Selon Al Masri, «l’Algérie n’a pas seulement soutenu le régime de Bachar Al-Assad de 2012 à 2015. Elle a fait front commun avec Téhéran, devenant un acteur indirect du bain de sang syrien». «L’Algérie a apporté un soutien politique, militaire, logistique, sécuritaire et économique. Elle a défendu le régime syrien bec et ongles, jusqu’à envoyer des milices», résume-t-il. Cette affirmation est d’autant plus grave qu’elle repositionne le conflit du Sahara dans un échiquier géopolitique global. Le front Polisario n’est plus un simple acteur marginal, mais un maillon dans la chaîne d’extension du terrorisme et du chaos iranien, du Levant au Maghreb.
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«L’Iran n’a jamais été intéressé par la stabilité», assène Al Masri. «Sa stratégie est de créer le désordre pour mieux s’infiltrer et se pérenniser. Elle l’a fait en Irak, au Liban, en Syrie… et elle le fait en Algérie», indique ce fin connaisseur de l’Iran. Ce plan passe par la constitution de milices idéologiques, enracinées localement mais dirigées à distance par les réseaux du Hezbollah et des Pasdarans. Le Polisario, dans cette configuration, joue le rôle d’un «Hezbollah saharien», installé en Afrique du Nord pour exporter le conflit, prolonger l’instabilité, et barrer la route au Maroc, considéré comme un rempart contre l’expansion chiite.
Terrorisme, le dernier recours d’une milice en fin de vie
Vendredi 27 juin, le Polisario a lancé une nouvelle attaque terroriste contre des zones proches d’Es-Smara, au sud du Maroc. Pour Al Masri, ce n’est pas un fait isolé. «Ce n’est pas un acte de guerre, c’est un acte de terrorisme. C’est une agression contre la sécurité des citoyens marocains», martèle-t-il. «C’est notamment pour cela que nous avons demandé l’inscription du Polisario sur la liste des organisations terroristes opérant en Syrie. Il n’y a aucune différence entre le Polisario, le Hezbollah, ou les milices irakiennes pro-iraniennes», tranche le président du Parti libéral syrien.
Pour Al Masri, les jours du Polisario sont comptés. L’isolement diplomatique dont souffre son sponsor algérien, les changements géopolitiques, et les révélations sur ses liens avec des régimes criminels le condamnent. «Le Polisario appartient déjà au passé», certifie-t-il. Trois options s’ouvriront à ses membres: rejoindre le Maroc comme individus et régulariser leur situation, demander la nationalité algérienne ou chercher l’asile en Espagne ou en Mauritanie, si tant est qu’ils soient acceptés.
Les membres du Polisario détenus en Syrie à extrader
Le message de Fahad Al Masri aux autorités algériennes est fort. «Le régime algérien est en train de jouer avec le feu en s’alliant avec l’Iran. Ce feu finira par le consumer», dit-il. Et de rappeler que «l’Iran a déjà infiltré les cercles culturels, journalistiques, militaires algériens, comme il l’a fait en Syrie. Le scénario syrien peut se reproduire». Il appelle à une réconciliation avec le Maroc, à une sortie honorable de l’impasse du Polisario, et à une reconstruction des liens entre deux «pays frères».
S’agissant de la Syrie, la fermeture récente du bureau du Polisario est, pour lui, un tournant politique. «Nous appelons à une coopération totale avec le Maroc. Si des membres du Polisario sont détenus en Syrie, ils doivent être extradés immédiatement vers Rabat. Le Maroc est un partenaire stratégique. C’est un royaume ancien, doté d’une grande sagesse, d’une administration solide, et d’une vision de long terme. La Syrie nouvelle doit bâtir une alliance durable avec le Royaume du Maroc», plaide-t-il.