Les députés de la majorité et de l’opposition viennent de lancer une alerte quant à la persistance des dysfonctionnements dans la gestion des carrières et des ressources en eau. Les parlementaires de la première Chambre ont ainsi appelé à renforcer la gouvernance dans l’exploitation des ressources naturelles et ont souligné l’urgence de rattraper le retard dans la mise en œuvre des réformes liées au domaine des carrières.
D’après le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 12 mai, cette mise en garde des élus a été lancée lors d’une réunion de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement, consacrée à l’examen de l’avis du Conseil économique, social et environnemental sur «les autorisations d’exploitation des ressources naturelles: l’eau et les carrières».
Lors de cette réunion, explique le quotidien, les élus de la majorité ont insisté sur le lien direct entre «les richesses nationales, les programmes de relance économique, la création d’emplois et la réalisation de la justice territoriale». Cela, tout en mettant en garde contre «les conséquences négatives de la situation actuelle, marquée par un chevauchement des compétences, une multiplicité d’intervenants et une faible coordination institutionnelle».
Les députés de la majorité ont discuté des conclusions du rapport du CESE, qui a relevé «un retard dans l’élaboration des schémas régionaux de gestion des carrières, un manque criant de ressources humaines et techniques dédiées à la police des eaux et des carrières, ainsi qu’une grande complexité des procédures d’autorisation», poursuit le quotidien. Ce qui, selon le document, «affecte négativement l’attractivité des investissements et affaiblit l’efficacité des entreprises opérant dans les secteurs de la construction et des travaux publics».
Les députés ont noté que «les efforts gouvernementaux en matière de sécurité hydrique, à travers la construction de barrages, de stations de dessalement et de l’autoroute de l’eau, restent insuffisants en l’absence d’une politique efficace de rationalisation de la consommation, d’une application stricte des réglementations et de la fin des pratiques anarchiques dans la gestion des carrières et des ressources en eau».
Les interventions des groupes de la majorité, poursuit le quotidien, ont affirmé que «la gestion des ressources naturelles ne peut être soumise à l’improvisation ou à la complaisance, considérant que ces richesses nationales exigent une exploitation respectant les principes de transparence, d’égalité et de justice».
De leur côté, les députés de l’opposition ont suivi une logique similaire, indique le quotidien, «mais avec un ton plus critique envers la gestion du secteur et les politiques publiques ». Ils ont estimé que la situation actuelle est marquée par « un manque de transparence et une anarchie». Ils ont, par conséquent, appelé à «rompre avec les pratiques de rente, à lutter contre le monopole et l’exploitation illégale, et à instaurer une responsabilité assortie de reddition des comptes dans l’exploitation des ressources naturelles».
Les interventions des députés de l’opposition ont relevé que «le gouvernement n’a pas réussi à mettre en œuvre les lois relatives aux carrières et à l’eau, ni à enrayer les phénomènes de corruption et de favoritisme», poursuit le quotidien. Ils ont mis en garde, relève Al Ahdath Al Maghrebia, contre la persistance de ce qu’ils ont qualifié d’exploitation illégale de l’eau, orientée vers des activités agricoles ne contribuant pas au renforcement de la sécurité alimentaire nationale et entraînant l’épuisement des ressources hydrauliques dans un contexte de sécheresses successives.
Les parlementaires de l’opposition ont ainsi appelé à une révision profonde de l’arsenal juridique régissant les carrières, à l’accélération de la publication des décrets d’application, à la simplification des procédures administratives, et au renforcement des performances de la police des eaux, des carrières et de l’environnement.
Le CESE, note le quotidien, a tiré la sonnette d’alarme dans son avis, mettant en garde contre la dégradation et l’épuisement de nombreuses ressources naturelles vitales et stratégiques.
Le Conseil a noté que plus de 102 000 utilisateurs prélèvent de l’eau en dehors du cadre légal, et que sur 292 089 points d’eau, seuls 30 646 disposent d’autorisations officielles, soit seulement 10%. Il a également souligné que «la longueur des procédures d’autorisation encourage le recours à des pratiques illégales».
Concernant les carrières, le CESE met en garde contre la domination du secteur informel, représenté par des carrières non déclarées ou des carrières autorisées qui se livrent à des pratiques telles que la fraude ou la sous-déclaration des revenus, entre autres.