«Starter pack» et «mode Ghibli»: les images ludiques générées par l’IA font un tabac… et polémique

Une image générée via l'agent d'intelligence artificielle ChatGPT sur le modèle des «Starter pack».

Les réseaux sociaux sont inondés d’images de figurines sous coque en plastique ou de dessins inspirés des créations du studio d’animation japonais Ghibli. Une tendance ludique qui pose toutefois des questions liées aux droits d’auteur, à l’environnement et à l’aspiration des données des utilisateurs.

Le 19/04/2025 à 08h32

Grâce au nouveau générateur d’image de ChatGPT d’OpenAI, accessible gratuitement depuis début avril, stars, politiques et anonymes ont cédé aux sirènes du «Starter pack», ces images de figurines sous coque en plastique assorties d’accessoires.

Avant les figurines à la Barbie, un flot d’autoportraits inspirés du Studio Ghibli, à l’origine de films d’animation à succès comme «Mon voisin Totoro» ou « Princesse Mononoké », avait envahi internet dès la mise en ligne du service pour les abonnés payants d’OpenAI fin mars.

«Starter packs» générés par IA : une tendance pas très éthique, et encore moins écologique. Deux à cinq litres d’eau sont nécessaires pour une image

[image or embed]

— Libération (@liberation.fr) 18 avril 2025 à 22:01

«Cela fonctionne bien parce que ce sont des formats personnalisables», décrypte pour l’AFP Ahlem Abidi-Barthe, professeure en marketing digital. «Ça titille l’ego du consommateur». Dessins animés et figurines jouent aussi sur le «côté enfantin donc forcément émotionnel, lié à la nostalgie, qui contribue à cette viralité extrême», poursuit-elle.

Il s’agit surtout d’une vitrine incroyable pour la start-up américaine à l’heure où les entreprises d’IA générative se livrent une guerre sans merci. «Nous avons gagné un million de nouveaux utilisateurs en une heure», s’est vanté Sam Altman, le directeur général d’OpenAI, le jour où cette fonctionnalité est devenue accessible à tous.

Coûts cachés

Mais cet emballement suscite aussi son lot de critiques. Des dessinateurs et illustrateurs ont protesté en publiant en ligne des «Starter packs» réalisés sans IA avec le mot-clé #StarterpacknoAI. La mode des images générées par l’IA relance en effet le débat autour de l’utilisation par les géants de la tech d’images, dessins, sons ou vidéos sans autorisation explicite pour développer leurs interfaces.

OpenAI n’a, par exemple, pas passé d’accord de licence avec le studio Ghibli. Plusieurs entreprises d’IA ont été assignées en justice aux Etats-Unis, pour infraction au droit de propriété intellectuelle, mais aucun de ces dossiers n’a encore été tranché sur le fond. L’Union européenne planche de son côté sur un texte qui doit encadrer l’utilisation par les IA de contenus protégés par le droit d’auteur.

«Derrière la magie», le «coût environnemental» de l’IA générative a aussi été pointé du doigt comme par l’astronaute français Thomas Pesquet. Pour rappel, chaque requête texte sur ChatGPT consomme 2,9 Wh d’électricité, soit dix fois plus qu’une recherche sur Google, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Et la génération d’images demande davantage de puissance de calcul que la génération de texte, et donc plus d’énergie.

Cela requiert aussi que les utilisateurs partagent une photo de leur visage et des informations personnelles. «Les internautes livrent leurs données personnelles à des entreprises dont les intentions ne sont pas claires. Votre image est une donnée et cette donnée a de la valeur», souligne Joe Davies du cabinet britannique spécialisé dans le numérique Fatjoe.

«C’est comme si on était tous des bêta-testeurs d’OpenAI. A chaque fois qu’on lance une recherche, on rend la machine plus performante mais gratuitement», complète Anaïs Loubère. Reste que ce succès pourrait lasser, selon l’experte. «Ces tendances n’ont pas vocation à durer», assure-t-elle. «Au bout du cinquantième, “starter pack” qu’on croise sur LinkedIn ou Insta, il y a une saturation».

Par Le360 (avec AFP)
Le 19/04/2025 à 08h32