Depuis le début de son premier quinquennat, le président Macron n’a cessé de donner des gages mémoriels à l’Algérie, accumulant les concessions, espérant naïvement en retour une «pacification des mémoires».
Or, il fut très mal payé de ses efforts, les autorités algériennes n’ayant cessé de faire du maximalisme. Voyant dans les ouvertures et les concessions françaises une reconnaissance de «culpabilité», elles exigèrent toujours plus, ce qui finit par «agacer» les autorités françaises poussées par une opinion publique chauffée à blanc et qui ne voulait plus entendre parler de repentance. D’autant plus que la France, qui accorde chaque année des centaines de milliers de visas à des Algériens, se heurte au refus obstiné d’Alger de simplement récupérer ses ressortissants délinquants. Or, là encore, l’opinion française est à bout et la prise en otage de Boualem Sansal n’a fait que remettre de l’huile sur le feu.
Et pourtant, en France, la domination «morale» de la gauche a imposé la fausse histoire sur laquelle est ancré le «Système» algérien. Une fausse histoire véhiculée par les réseaux algériens complaisamment relayés par certains historiens français, notamment par ceux de l’école de Benjamin Stora.
Or, il faut bien avoir à l’esprit qu’une radicalisation se développe aujourd’hui en France où les élections présidentielles de 2027 vont en grande partie se faire sur la question de l’identité nationale au sens large. Dans ces conditions, si un président de droite était élu, serait alors totalement remis en question le chantage mémoriel algérien. Il sera alors possible d’écrire sans se faire traiter de «nostalgique de l’Algérie française» ou de «partisan de l’OAS», que la nation algérienne n’existait pas en 1830 quand se fit le débarquement français à Sidi Ferruch car, et comme l’écrivait en 1936 Ferhat Abbas, le futur premier chef d’État de l’Algérie indépendante:
«Si j’avais découvert la ‘Nation Algérienne’, je serais nationaliste et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Les hommes morts pour l’idéal national sont journellement honorés et respectés. Ma vie ne vaut pas plus que la leur. Et cependant je ne ferai pas ce sacrifice. L’Algérie en tant que Patrie est un mythe. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’Histoire; j’ai interrogé les morts et les vivants; j’ai visité les cimetières: personne ne m’en a parlé». (Ferhat Abbas, Paris: Éditions Garnier Frères, 1981, p. 27.)
Il sera alors également possible de rappeler à Benjamin Stora que le général de Gaulle lui-même déclara:
«Depuis que le monde est le monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays, sans qu’il y ait eu, à aucun moment, sous aucune forme, un État algérien».(Conférence de presse du général de Gaulle, le 16 septembre 1959).
Enfin, les historiens français pourront écrire sans être traités de «négationnistes», que la période turque qui dura des années 1500 jusqu’à 1830, soit plus de trois siècles, ne fut pas celle de la gestation d’une nation algérienne. Comme cela a été écrit dans une précédente chronique, mais il est important de le rappeler, la Régence turque d’Alger ne fut en effet pas une possession oubliée en terre africaine, mais un élément essentiel du dispositif impérial ottoman. À la différence de celles de Tripoli et de Tunis, la Régence d’Alger demeura en effet une colonie de la Porte ottomane sous autorité de beys nommés à la tête de beylik ou provinces, puis de deys placés à la tête de deylik.
À la différence des Régences de Tripoli et de Tunis, il n’y eut jamais de rupture entre Alger et le centre de l’empire ottoman. Voilà qui explique largement pourquoi, il n’y eut pas d’évolution vers une monarchie nationale comme en Tunisie avec les Husseinites, ou comme à Tripoli avec les Karamanli. D’où ce complexe existentiel algérien rendant impossible toute analyse rationnelle, les dirigeants algériens s’accrochant désespérément à la fausse histoire valorisante fabriquée à laquelle ils sont condamnés à faire semblant de croire…
Une fausse histoire légitimée en France par des médias suivistes et parfois stipendiés ainsi que par des historiens militants dont le référentiel intellectuel et doctrinal semble être définitivement bloqué sur les années 1954-1962.