Sur le marché marocain de la distribution des hydrocarbures, dominé par Afriquia (groupe Akwa), Vivo Energy et TotalEnergies, Petrom (Pétrole du Maghreb) déploie une stratégie en deux axes: renforcer sa position nationale sans concurrencer directement les trois leaders, et préparer son expansion en Afrique subsaharienne, notamment au Sahel.
La mise en œuvre de cette stratégie, indique le magazine Jeune Afrique, a été confiée à Hicham Bouzoubaa, nommé directeur général en 2023 par la famille Bouaida, propriétaire de Petrom via le holding Holsatek. Ce dernier est actif dans plusieurs secteurs (transport, immobilier, minoterie, pêche, tech, etc.).
Petrom s’appuie sur un réseau de 303 stations-service et vise une croissance modérée de dix nouvelles stations par an. L’entreprise cherche à optimiser la rentabilité de ses actifs existants, tout en maîtrisant ses investissements. Le groupe mise sur la transformation progressive de ses stations en pôles multi-services, intégrant restauration et grande distribution, notamment via des partenariats avec McDonald’s et Carrefour, détaille Jeune Afrique.
Sur le plan national, Afriquia détient plus de 600 stations, devant Vivo Energy (400) et TotalEnergies (390).
Petrom adopte une stratégie de diversification similaire à celle de ses concurrents, en étendant l’offre de services au sein de ses stations.
En 2023, Petrom a été sanctionné, avec huit autres opérateurs pétroliers, par le Conseil de la concurrence pour entente sur les marges.
L’entreprise affirme s’être conformée aux recommandations du régulateur et assure transmettre désormais un reporting détaillé sur ses activités d’approvisionnement, de stockage et de distribution.
Malgré une amende de 1,8 milliard de dirhams, ayant réduit de 8 à 9% le chiffre d’affaires des opérateurs concernés, Petrom maintient sa stratégie de développement. En 2024, son chiffre d’affaires s’est élevé à 9,6 milliards de dirhams, indique Jeune Afrique.
D’ici 2030, deux priorités sont identifiées: porter ses capacités de stockage de 110.000 m³ à 283.000 m³, et produire 500.000 tonnes de carburants de synthèse renouvelables en partenariat avec MGH Energy à Dakhla.
Ce projet implique un investissement de 51 milliards de dirhams et prévoit l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques.
Petrom développe également son activité B2B (industrie, BTP, mines) et ambitionne de devenir un acteur intégré de la transition énergétique au Maroc et en Afrique.
L’entreprise, active depuis 75 ans au Maroc (ex-Esso), s’inscrit dans une logique d’expansion panafricaine.
Elle recherche des partenariats ou prises de participation dans plusieurs pays d’Afrique francophone, avec un intérêt particulier pour le Sahel.
Le retrait de TotalEnergies du Mali et du Burkina Faso est perçu comme une opportunité, affirme Jeune Afrique.
Petrom évalue plusieurs scénarios de croissance externe, en privilégiant des partenariats locaux et une approche rationnelle du retour sur investissement.
La tentative échouée d’Akwa Africa de reprendre les actifs de TotalEnergies au Burkina Faso illustre toutefois les risques liés à ce type d’opérations dans la région.