Le Royaume figure dans le Top 100 mondial des écosystèmes de start-up, selon l’édition 2025 du Global Startup Ecosystem Index publié par le cabinet spécialisé StartupBlink.
Avec une 88e position, le Royaume gagne quatre places par rapport à 2024.
Une progression modeste, certes, mais présentée comme un indicateur d’une dynamique nationale favorable à l’entrepreneuriat innovant, indique le magazine Challenge.
Pourtant, au-delà du satisfecit, cette performance mérite d’être lue avec plus de nuance.
Classé 9e à l’échelle africaine, le Royaume reste derrière les poids lourds que sont l’Afrique du Sud (52e), le Kenya (58e), l’Égypte (65e) ou le Nigeria (66e).
Il devance certes des pays comme le Sénégal ou le Rwanda, mais la comparaison reste relative: l’ensemble des écosystèmes africains souffre encore de fragmentation, de manque de financement et d’un déficit de visibilité internationale.
Autrement dit, figurer dans un Top 100 dominé par les États-Unis, Israël ou Singapour ne dit pas grand-chose sur la réelle compétitivité des start-up marocaines à l’échelle mondiale.
Le classement repose sur trois dimensions: la quantité (nombre de start-up, incubateurs, événements), la qualité (présence de licornes, centres de R&D, capitaux disponibles) et l’environnement des affaires (réglementation, infrastructure numérique, fiscalité).
Sur ces trois volets, le Royaume progresse, mais lentement.
L’absence de villes marocaines dans le Top 100 des villes les plus dynamiques –contrairement à Lagos ou Le Caire– révèle un paradoxe: malgré des efforts institutionnels, Casablanca, Rabat ou Marrakech ne parviennent pas à jouer dans la cour des grands, écrit-on.
Le tissu entrepreneurial reste fragile, trop dépendant de subventions ou d’initiatives isolées.
Certes, des programmes publics comme la CCG ou Maroc PME, ou des initiatives privées comme les hubs technologiques de Technopark ou de Numa Casablanca, jouent un rôle structurant.
Mais l’écosystème reste trop concentré dans quelques grandes villes, avec peu de relais régionaux.
Le financement en amorçage est rare, l’accès aux marchés internationaux difficile, et la culture de l’échec –pourtant clé dans les économies de l’innovation– reste peu tolérée.
Le rapport note que dix pays africains ont amélioré leur classement cette année, écrit Challenge.
Cela pourrait donner l’illusion d’un continent en pleine effervescence numérique. Mais en réalité, ces progrès traduisent davantage un rattrapage qu’une rupture.
L’Afrique reste marginalisée dans les flux mondiaux de capital-risque: à titre de comparaison, une seule levée de fonds à San Francisco peut dépasser l’ensemble des financements accordés aux start-up d’un pays africain pendant un an.