Expropriation du terrain du futur hôtel «Mariott» à Casablanca: une session sous haute tension du conseil de la ville ce mardi

Nabila Rmili, maire de Casablanca et Mohamed Mhidia, Wali de la région de Casablanca-Settat.

Convoqué à une session extraordinaire ce mardi 10 juillet, le conseil de la ville de Casablanca s’apprête à enclencher la procédure d’expropriation du terrain de la célèbre villa Mauvillier qui abritait le chantier du futur hôtel Mariott. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, y compris au sein des partis de la majorité communale.

Le 10/06/2025 à 11h25

La villa Mauvillier, emblématique par sa situation au croisement des boulevards Anfa et Zerktouni, fait de nouveau parler d’elle, quatre ans après sa démolition dans des conditions pour le moins singulières. On se souvient que la société Art Seven, nouvelle propriétaire du terrain, ambitionnait d’y ériger un hôtel Marriott. Selon elle, cette construction de 1930 ne figurait pas parmi les édifices classés au patrimoine architectural de la métropole.

Un communiqué diffusé en janvier 2021 fournit plus de détails sur ce projet baptisé Le Fabergé Autograph Collection Casablanca: 14 étages, 124 chambres, 200 emplois en phase de construction et 150 après l’ouverture.

La société Art Seven affirme avoir accompli toutes les formalités requises, une dérogation R+14 obtenue en août 2019, suivie d’une autorisation de construire en mai 2020. Le chantier a ensuite démarré et tout allait bien... jusqu’au 25 janvier 2021, le jour où le conseil communal a ordonné l’arrêt des travaux en pleine installation des fondations de l’édifice. Suite à cela, Art Seven a décidé de porter le dossier devant la justice et se félicite d’avoir gagné le procès à tous les stades de la procédure, en première instance, en appel, puis en cassation.

L’affaire connait aujourd’hui un nouveau rebondissement avec cette mesure d’expropriation, pour cause d’utilité publique, soumise au vote du conseil de la ville en session extraordinaire, programmée ce mardi 10 juin à partir de 12h.

Sur les quatre points inscrits à l’ordre du jour, trois émanaient du wali de la région Mohamed M’hidia, dont celui correspondant au terrain de la villa Mauvillier (551 mètres carrés). Ce dossier cristallise l’attention des élus et a même failli provoquer des frictions entre les partis de la majorité dirigeante du conseil de la ville.

L’absence inattendue de la maire Nabila Rmili (RNI) à la réunion de ce mardi a donné lieu à des interprétations diverses, accentuées par le retrait même de la première vice-présidente, Malika Mezzour, issue du PAM. Certains y ont vu une manière d’éviter d’embarquer son nom et son parti dans une affaire d’expropriation aux motivations jusqu’ici inconnues.

Selon nos informations, c’est finalement le troisième vice-président de la commune, l’istiqlalien Houcine Nasrollah, qui présidera la session extraordinaire. La décision a été actée hier, lundi 9 juin, lors d’une réunion des élus du parti de la balance au sein de la mairie. «Nous avons décidé d’assumer notre responsabilité. Nous n’irons jamais contre l’intérêt général des Casablancais», souligne ce membre istiqlalien du conseil de la ville.

Interrogé sur l’utilité publique derrière ce projet d’expropriation, notre interlocuteur affirme que le terrain de la villa Mauvillier pourra accueillir un parking souterrain et une nouvelle annexe moderne de la mairie.

Par Wadie El Mouden
Le 10/06/2025 à 11h25