Énergie: l’option du nucléaire civil se précise

En 2024, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a officiellement reconnu que «toutes les matières nucléaires présentes sur le territoire marocain sont exclusivement utilisées à des fins pacifiques»..

Revue de presseFace aux défis énergétiques et hydriques croissants, le Royaume explore avec prudence la voie du nucléaire civil. Encadrée par un dispositif réglementaire strict et soutenue par des partenariats internationaux, cette orientation stratégique vise à diversifier le mix énergétique national, tout en répondant aux besoins en dessalement. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Challenge.

Le 25/06/2025 à 19h05

Alors que plusieurs pays africains se tournent vers le nucléaire civil comme alternative énergétique, le Royaume, lui, avance prudemment, mais résolument, dans cette direction.

Porté par des enjeux de souveraineté énergétique, de sécurité hydrique et de transition bas carbone, le Royaume pose ainsi progressivement les jalons d’une stratégie nucléaire civile, indique le magazine Challenge, dans une analyse dédiée.

En 2024, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a officiellement reconnu que «toutes les matières nucléaires présentes sur le territoire marocain sont exclusivement utilisées à des fins pacifiques».

Une première qui témoigne de la maturité atteinte par le cadre réglementaire national, piloté par l’Agence marocaine de sûreté et de sécurité nucléaires et radiologiques (AMSSNuR).

Ce signal est déterminant pour les futures coopérations internationales et pour la crédibilité du Maroc dans le domaine du nucléaire civil, peut-on lire.

Le Royaume s’intéresse tout particulièrement aux petits réacteurs modulaires (PRM), une technologie en développement qui présente l’avantage d’être plus flexible, moins coûteuse à l’échelle d’un pays comme le Royaume, et plus facilement intégrable dans des environnements isolés.

En septembre 2024, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a affirmé l’intérêt du Royaume pour ces PRM lors du forum scientifique de l’AIEA, rappelle le magazine.

Dans cette optique, la startup Uranext serait en cours d’installation dans le Royaume. Son ambition: développer une unité industrielle de production de «Yellowcake», un concentré d’uranium servant de matière première au combustible nucléaire.

Ce projet, encore en phase préparatoire, confirme l’intérêt croissant pour une filière locale du nucléaire civil.

Au-delà de l’énergie, le nucléaire est également envisagé comme un levier pour faire face au stress hydrique chronique que connaît le Maroc.

Le recours au dessalement de l’eau de mer est désormais stratégique pour l’approvisionnement de plusieurs régions.

Mais cette technologie est énergivore, et son déploiement à grande échelle dépend du coût de l’énergie utilisée.

L’AIEA étudie depuis les années 1960 les synergies entre nucléaire et dessalement. Plusieurs pays membres, dont le Royaume, explorent aujourd’hui activement cette piste.

En témoigne le protocole d’accord signé entre la société marocaine Water and Energy Solutions et le géant russe Rosatom, portant sur le développement de solutions de dessalement nucléaire, souligne le magazine Challenge.

Cité par le magazine, l’expert en énergie Amine Bennouna explique que le choix de petits réacteurs, avec une puissance de 122 MW, semble plus adapté que celui de réacteurs conventionnels (1.000 MW), jugés surdimensionnés pour les besoins actuels du Royaume.

Il reste toutefois prudent, soulignant que ces technologies, bien que prometteuses, sont encore en phase expérimentale et que les coûts de production d’électricité restent incertains.

Pour l’expert en durabilité Omar Beniacha, «le Maroc a des ambitions dans le domaine du nucléaire énergétique», mais la priorité actuelle reste le développement d’une offre en hydrogène vert, portée au plus haut niveau de l’État.

Le nucléaire est donc perçu comme une solution complémentaire, à moyen ou long terme, dans un mix énergétique diversifié.

Par Nabil Ouzzane
Le 25/06/2025 à 19h05