Le dialogue social entre le gouvernement, les syndicats et le patronat s’intensifie. Depuis la relance des négociations le 22 avril, les partenaires tentent d’arracher des avancées concrètes sur plusieurs fronts sensibles.
Les principales centrales syndicales –UMT, UGTM et CDT– ont exigé un signal fort de l’Exécutif. L’inflation persistante, qui érode le pouvoir d’achat des ménages depuis des mois, nourrit des revendications de plus en plus pressantes: hausse générale des salaires et des pensions, nouvelle baisse de l’impôt sur le revenu pour soutenir la consommation, et réforme des retraites basée sur une véritable concertation, relève le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 29 avril. Les syndicats refusent toute réforme imposée du système de retraite (âge de départ, cotisations, pensions) sans reconnaissance de la pénibilité de certains métiers, lit-on.
Au-delà des revendications salariales, d’autres tensions structurantes refont surface. L’alignement du salaire minimum agricole garanti (SMAG) sur le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) reste un point de friction majeur. Malgré les engagements pris dans l’accord social d’avril 2022, les syndicats dénoncent la lenteur des progrès et fustigent une fracture sociale persistante entre ouvriers agricoles et autres salariés.
La liste des revendications s’allonge. La CDT alerte sur les retards dans l’application des accords sectoriels concernant les techniciens, ingénieurs et agents territoriaux. Bien que le gouvernement ait promis d’achever certains statuts, comme celui des inspecteurs du travail, la mise en œuvre est jugée inégale et poussive.
Face à ces frustrations, les syndicats réclament une refonte en profondeur du dialogue social. L’UMT propose l’adoption d’une loi-cadre imposant deux sessions annuelles obligatoires et demande la création d’un Conseil national du dialogue social doté de véritables pouvoirs. L’enjeu: sortir du cycle de négociations occasionnelles pour ancrer durablement la concertation dans le paysage institutionnel.
«Côté patronal, la CGEM adopte une approche pragmatique, veillant à protéger la compétitivité des entreprises», écrit L’Economiste. Sur la réforme du Code du travail, elle prône des ajustements ciblés étalés sur deux ans pour éviter des secousses économiques. Concernant les retraites, elle se dit favorable à une réforme à condition que l’effort soit partagé équitablement entre l’État, les entreprises et les salariés. Ses priorités restent centrées sur la dynamisation de l’emploi et la montée en compétences, perçues comme clés pour accompagner les mutations économiques à venir.
L’Exécutif multiplie les annonces. Le coût total des engagements sociaux atteindrait 45,7 milliards de dirhams d’ici 2026, contre 14 milliards lors des précédents dialogues.