BTP: l’ère des géants marocains

Un chantier de construction

Revue de pressePortés par la dynamique des grands chantiers nationaux et une stratégie d’expansion africaine affirmée, SGTM et TGCC s’imposent aujourd’hui comme les véritables locomotives du BTP marocain. Deux groupes familiaux devenus incontournables, qui incarnent à eux seuls l’ambition industrielle du Royaume. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 19/06/2025 à 22h34

Le Maroc ne se contente plus de confier ses grands chantiers à des firmes étrangères. Il les fait émerger de ses propres rangs. En remportant conjointement la construction du Grand Stade Hassan II de Benslimane, pour un montant de 3,4 milliards de dirhams, SGTM et TGCC confirment leur statut de leaders nationaux capables d’aligner expertise technique, réactivité et puissance financière, indique le magazine Jeune Afrique dans une analyse dédiée.

Conçue pour accueillir 115.000 spectateurs, cette future enceinte – la deuxième plus grande au monde – incarne la nouvelle ambition du Royaume dans la perspective de la Coupe du monde 2030, qu’il co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Un défi à la hauteur de ces deux champions marocains, longtemps concurrents, désormais alliés stratégiques.

Née en 1971, la SGTM est passée du statut d’acteur local à celui d’icône du génie civil. Du port de Dakhla au data center d’OCP, en passant par la LGV ou le complexe de vaccins livré en un temps record, elle a su démontrer son agilité industrielle. Son chiffre d’affaires dépasse désormais les 700 millions d’euros.

Fondée en 1991 par un ancien cadre de la SGTM, TGCC affiche une trajectoire parallèle, ponctuée de réalisations emblématiques: le CHU Ibn Sina, l’aéroport Mohammed-V, le Grand Théâtre de Casablanca ou encore l’UM6P. Cotée en bourse depuis 2021, l’entreprise a franchi le cap du milliard d’euros de commandes en 2024 et entend désormais jouer les premiers rôles à l’échelle régionale.

Leur développement ne s’arrête pas aux frontières du Royaume. En créant SGTM Africa, le groupe de M’hammed Kabbaj s’est ouvert des marchés en Côte d’Ivoire, au Cameroun et ailleurs. TGCC, de son côté, s’est implantée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et vient de franchir un nouveau cap avec l’ouverture d’une filiale en Arabie saoudite. L’acquisition de la Société de travaux agricoles marocains (Stam), spécialiste des barrages, renforce encore davantage sa stature continentale.

«TGCC s’apprête même désormais à ravir le leadership à la SGTM après avoir mis la main, à la fin du mois de mai, sur 60% du capital de la (Stam), un des big four du secteur marocain du BTP. Dirigé jusque-là par Louis Baudrand, ce champion des barrages réalise plus de 4 milliards de dirhams de chiffre d’affaires par an», écrit Jeune Afrique. «L’acquisition de la Stam va propulser l’expansion de TGCC, non seulement au Maroc, mais aussi en Afrique subsaharienne, à travers notamment le marché mauritanien, où la Stam est déjà présente», confie une source proche du dossier, citée par le magazine.

La tenue de la CAN 2025 et du Mondial 2030 agit comme un catalyseur pour ces deux groupes, qui ont su gagner la confiance des autorités publiques grâce à leur capacité d’exécution. Comme le résume Mohamed Mahboub, président de la FNBTP, «les grands groupes marocains sont pleinement capables de livrer les chantiers stratégiques du Mondial».

Par Nabil Ouzzane
Le 19/06/2025 à 22h34