Depuis sa création en 1929, Cosumar incarne une mission claire: garantir un accès stable au sucre blanc tout en consolidant la sécurité alimentaire du Royaume. Ce rôle s’est affirmé au fil des décennies, au rythme d’investissements structurants et d’une relation de proximité avec le monde agricole. C’est ainsi qu’en 2024, le groupe a franchi un nouveau cap avec la mise en service de la raffinerie de Sidi Bennour, infrastructure stratégique qui porte sa capacité de production à 2,5 millions de tonnes de sucre par an.
Mais cette performance industrielle ne saurait occulter les défis majeurs auxquels fait face la filière sucrière. Le changement climatique, la raréfaction des précipitations et les tensions sur les ressources hydriques imposent une transformation en profondeur des modèles agricoles. Conscient de cette réalité, Cosumar a déployé une stratégie intégrée de gestion de l’eau, mêlant efficacité industrielle et optimisation des pratiques d’irrigation. L’irrigation de précision, appuyée par des capteurs intelligents et des systèmes de prévision météorologique, permet une gestion fine de l’eau à la parcelle. En parallèle, le développement du dessalement de l’eau de mer au niveau national constitue un levier stratégique pour soulager la pression sur les ressources douces, tout en sécurisant les apports pour l’agriculture.
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L’enjeu ne se limite pas à la gestion des ressources naturelles. Cosumar inscrit son action dans une logique de modernisation agricole portée par l’innovation technologique. L’agriculture 4.0 est désormais au cœur de la stratégie du groupe, avec l’introduction de drones, d’intelligence artificielle et de plateformes digitales qui permettent d’optimiser les rendements, de suivre les cultures en temps réel et de réduire les pertes. Un programme ambitieux de recherche et développement a également été mis en place pour sélectionner des variétés plus résilientes de betterave et de canne à sucre, capables de s’adapter aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents.
Un plan d’action à 5,74 milliards de dirhams
Cette dynamique de transformation s’appuie sur un partenariat fort entre le secteur privé et l’État. Dans le cadre de la stratégie «Generation Green», Cosumar, à travers l’interprofession Fimasucre, est signataire d’un contrat-programme avec des objectifs clairs pour 2030: accroître la production de sucre blanc à 620.000 tonnes, élargir les surfaces cultivées à 73.000 hectares, intégrer les énergies renouvelables sur 20% des terres, et généraliser l’irrigation localisée. Avec une enveloppe globale de 5,74 milliards de dirhams, ce plan d’action vise aussi à soutenir les jeunes entrepreneurs agricoles, renforcer la classe moyenne rurale, et améliorer la protection sociale des producteurs.
Cette ambition trouve écho dans les résultats de la campagne agricole 2024-2025. Les surfaces de betterave sucrière ont connu une croissance de plus de 50%, atteignant 35.000 hectares contre 23.000 l’année précédente. Cette progression reflète la confiance renouvelée des agriculteurs dans la filière, mais aussi l’effet d’une politique incitative forte: revalorisation des prix d’achat, subvention des intrants, appui technique renforcé. La réduction des coûts de production, notamment grâce à l’utilisation du Smart Blender pour une fertilisation sur mesure, a permis de diviser par deux le coût moyen de culture depuis 2008.
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Cosumar s’illustre également par une empreinte territoriale puissante et un ancrage local profond. Présent dans cinq grandes régions agricoles et à travers sept sucreries et deux raffineries, le groupe travaille avec plus de 370 entreprises partenaires dans les domaines des services agricoles, du transport et de la logistique. Chaque année, ce sont près de 3 milliards de dirhams qui sont injectés directement dans le tissu rural marocain, à travers des achats garantis, des avances de campagne, des financements d’intrants et un accompagnement logistique constant.
Cet engagement s’inscrit également dans une trajectoire environnementale ambitieuse. Cosumar a réduit de 73% sa consommation d’eau industrielle sur les sucreries de betterave entre 2013 et 2023, et de 50% ses émissions de CO₂ entre 2016 et 2024. La modernisation des procédés industriels, le recours aux énergies renouvelables et l’automatisation intelligente des lignes de production participent à une réduction significative de l’empreinte écologique du groupe. Le développement du séchage solaire, la compression mécanique de la vapeur et l’investissement dans le transport ferroviaire illustrent une volonté assumée de faire de la transition énergétique un moteur de performance.