Seize stations opérationnelles, cinq chantiers en cours, treize nouveaux projets programmés. Voici comment le Maroc entend accélérer sa stratégie de dessalement d’eau de mer. Younes Laabdi, chef de service de la gestion de l’eau à la Direction générale de l’hydraulique, rappelle l’urgence et l’efficacité de ce dispositif.
«Le dessalement constitue une solution essentielle pour soutenir des secteurs vitaux tels que l’industrie, l’agriculture et le tourisme. Il permet d’assurer la durabilité de l’approvisionnement en eau potable, en dépit des aléas climatiques. Il contribue également à réduire la pression sur les ressources hydriques conventionnelles», explique-t-il.
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Ce mécanisme aide aussi à préserver les nappes phréatiques, tout en «favorisant le renforcement de la coopération technique et financière entre les secteurs public et privé et en encourageant la création d’un écosystème industriel intégré, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur des activités de dessalement et visant à améliorer l’intégration locale».
Le dessalement de l’eau de mer a d’abord contribué à la sécurisation des besoins en eau dans les provinces du Sud, en assurant leur approvisionnement en eau potable, en raison de la rareté des ressources hydriques conventionnelles. Par la suite, afin de répondre à l’irrégularité croissante des précipitations liée au changement climatique, d’autres projets ont été mis en œuvre, portant aujourd’hui à 16 le nombre de stations de dessalement au Maroc, avec une capacité totale de production atteignant 277,12 millions de mètres cubes par an, détaille le chef de service de la gestion de l’eau à la Direction générale de l’hydraulique.
Cinq projets de dessalement en cours
À cela s’ajoutent cinq projets de dessalement en cours de réalisation, représentant une capacité totale de production estimée à 430,15 millions de m³ par an. «Parmi ces projets figure la future station de la région de Casablanca-Settat, appelée à devenir la plus grande installation de ce type sur le continent africain. Sa capacité annuelle atteindra 300 millions de m³, dont 250 millions destinés à l’approvisionnement en eau potable et 50 millions alloués à l’irrigation agricole. Les travaux de cette infrastructure stratégique ont été officiellement lancés le 10 juin 2024, lors d’une cérémonie présidée par le prince héritier Moulay El Hassan», indique Younes Laabdi.
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En parallèle, un vaste programme prévoit la construction de 13 nouvelles stations répartis sur l’ensemble du territoire national. Ce programme couvre notamment les villes de Rabat, Tanger, Essaouira, Tan-Tan, Guelmim, Boujdour, ainsi que les régions du Souss-Massa et de l’Oriental. L’ensemble des installations prévues sera alimenté par des sources d’énergie renouvelable, dans une optique de réduction de l’empreinte carbone et de sécurisation des ressources hydriques.
Certaines études sont encore en cours, tandis que celles concernant les stations d’Essaouira, de l’Oriental et de Guelmim sont déjà finalisées. «Le Maroc entend mener à bien ces projets en misant sur l’intégration de technologies innovantes et sur une gouvernance fondée en grande partie sur le modèle de partenariat public-privé. Cette approche vise à optimiser les investissements, mobiliser les expertises privées et assurer la viabilité économique et technique des installations», insiste notre interlocuteur.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes: d’ici 2027, la capacité totale de production d’eau dessalée du pays devrait atteindre plus d’un milliard de m³ annuels. Cette capacité bondira à 1,6 milliard en 2028, pour dépasser 1,7 milliard en 2030, avant de culminer à 2,3 milliards en 2040, conclut notre interlocuteur.